1981 d'Érik EMPTAZ

Publié le par Eileen E.

Rappel des faits :

§§§Été 1981, été de grâce. Élise, chargée d'étude dans l'équipe de Jacques Séguéla, rencontre Louis, fils d'un banquier parisien qui organise la fuite des capitaux.

§§§

L'accusé a-t-il quelque chose à ajouter pour sa défense ?

§§§"Quand son pamplemousse pressé, son pot de café noir et sa tartine grillée arrivent, elle est déjà plongée dans ses papiers. Elle observe cette photo du "pigeonnier" de Mitterrand, rue de Bièvre. Le cliché noir et blanc du bureau ressemble au premier regard à une photo d'amateur. mais le désordre est savamment organisé : un livre, E. Che Gevara. Œuvres III. Textes politiques, dans la petite collection Maspero, une pierre volcanique, un plâtre du maître des lieux en buste. Et derrière, sur une étagère : un portait photographique de François Mauriac, une rose au poing en bronze doré de style souvenir d'un congrès du PS, une médaille de Jaurès du même métal, tout Zola dans une édition club, un buste de Marianne en porcelaine de Limoges et une photo de Danielle Mitterand à 18 ans.

On distingue aussi trois cannes posées contre le mur : deux rustiques tordues et ouvragées et une canne ordianire noire. Du modèle de celles que rembourse la Sécurité sociale. Aucun objet n'est là par hasard. Du Che pour les gauchos, du Mauriac pour les socialos, du Zola pour le populo, une Marianne pour les républicains, une épouse pour les épouses et trois cannes pour les anciens... c'est plus qu'il n'en faut pour un "président de tous les Français", songe la jeune femme en se servant une nouvelle tasse. "

§§§

Verdict :

§§§Au delà de l'histoire d'amour naissante entre Élise, mitterandienne, et Louis, sans réelle conviction politique, 1981 est une chronique d'un été de grâce éphémère : d'un côté la liesse populaire le soir de l'élection présidentielle, de l'autre, la moitié du pays persuadée que "Mitrand" transformera l'Élysée en Kremlin avec ses ministres communistes. Une petite partie de ces 49, 25% organise fébrilement la fuite des capitaux et une pâle résistance que réduira à néant la "vague rose" quelque semaines plus tard.  Mais en ce début des années 80, c'est aussi les années Sida, cette maladie encore non identifiée dont on meure mystérieusement.

§§§Ici, pas de nostalgie, Érik EMPTAZ (rédacteur en chef du Canard enchaîné) nous livre l'histoire lucide de l'été 1981 sans état d'âme, nous décrit avec une pointe d'acidité la petite Cour d'un nouveau chef de l'État avec ses "people", Dalida, Pascal Sevran (ben oui ! certains ont la mémoire courte... ) et autres, qui se tirent dans les pattes pour approcher LE Mitterand, et les coulisses de l'Élysée avec son armada de publicitaires sous l'autorité de Jacques Séguéla (même remarque) et d'experts en communication.

1981 est un livre qu'on dévore d'une seule traite et avec beaucoup de plaisir, certaines anecdotes (véritables) jubilatoires pour certaines.

Publié dans Sur les rayonnages

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